En 2013, Mohamed Morsi, président égyptien de l’époque, déclarait à propos de la construction du barrage Renaissance sur le Nil Bleu : “ Nous ne pouvons rien laisser passer qui puisse avoir un impact sur une goutte d’eau du Nil ”. Nous comprenons donc que tous les moyens sont envisagés pour faire plier le voisin éthiopien, certains de ses conseillers allant même jusqu’à suggérer des bombardements sur le lieu de construction du barrage, ce qui équivaut à une déclaration de guerre.
Robert Aron définit la guerre comme un acte violent destiné à contraindre l’adversaire et à exécuter notre volonté. La guerre, si elle est souvent assimilée à un conflit armé, ne se limite cependant pas à cette forme. Elle peut également prendre une forme économique, cyber, ou technologique. Le renouveau, quant à lui, est déterminé par l’idée de retour ou de renouvellement. Il est envisagé car depuis 1991 et l’invasion du Koweït, le monde semblait l’avoir oubliée. L’option stratégique correspond à un choix fondamental parmi plusieurs possibilités dans le but d’orienter les actions du pays vers une direction spécifique tout en prenant en considération les intérêts nationaux et les enjeux internationaux.
Nous nous intéressons à ce sujet dans l’optique de comprendre le regain d’intérêt de la guerre aux yeux des Etats. Désormais, les Etats ne semblent plus rechigner à envisager cette option sous toutes ses formes. Les Etats-Unis, malgré une réduction de son empreinte militaire au Moyen Orient, mène une guerre économique plus violente à l’Europe et la Chine comme en atteste visiblement le mandat présidentiel de Donald Trump, marqué par des tensions entre les protagonistes. La guerre technologique s’observe elle aussi de façon plus nette avec un retour de la course à l’espace, et où les puissances rivalisent de prouesses technologiques. L’Inde est l’un de ses acteurs, comme en attestent sa sonde lunaire Chandrayaan-3 ou sa capacité à détruire des satellites. Enfin, le conflit armé de haute intensité réapparaît pleinement à la face du monde à travers l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou les menaces de plus en plus précises et puissantes de la Chine vis-à-vis de Taïwan, désigné comme sa province à reconquérir.
Ce retour peut surprendre, car la guerre ne semblait plus être un moyen avantageux pour les Etats de parvenir à leurs fins. A l’heure de la mondialisation normée par l’Occident, les sanctions à la mise au banc de l’économie internationale semblaient devoir empêcher que la guerre soit envisagée comme rentable. Ce retour et les réactions internationales, nous laissent supposer que cette ère puisse être révolue, ouvrant la voie à une autre, peut-être plus violente.
Ecrit par Flora Jezequel et François Forquet