Récapitulatif de la conférence qui a eu lieu le 30 mars 2023 à Grenoble École de Management.
Comment la guerre en Ukraine peut-elle se terminer sur le champ de bataille au vu de l’enlisement du conflit ? Sommes-nous face à une impasse stratégique ?
C’est une surprise que la guerre ait encore lieu aujourd’hui. Les analystes prévoyaient une victoire rapide de l’armée russe.
La situation est plutôt floue aujourd’hui car il est difficile de différencier les vraies informations de la propagande diffusée par les deux camps. Il existe néanmoins des informations qui mènent à penser qu’une contre-offensive ukrainienne se prépare. La France a promis en début de semaine de livrer un million d’obus aux armées ukrainiennes. Face à cette potentielle contre-offensive, il reste important de noter que l’armée russe a appris de ses erreurs et est désormais davantage capable de résister malgré une armée ukrainienne surmotivée. Enfin il faut également souligner que la Russie a un réservoir humain dont l’Ukraine ne dispose pas.
En ce qui concerne l’issue du conflit, il est peu probable que la Russie ait les moyens d’obtenir une vaste victoire tandis qu’il est presque impossible que les Ukrainiens libèrent l’ensemble de leur territoire. La pire situation serait donc un gel des activités militaires sans accord, qui provoquerait un retour du conflit dès la reprise de forces d’un des deux camps. À l’heure actuelle, il est impossible de savoir quel va être le sort des armes.
Quel bilan de l’impact des sanctions ? Qu’en attendre à court et moyen terme ?
Il semble évident que le déclassement de la Russie à long terme soit effectif. Bien que l’économie russe puisse se remettre des sanctions du fait de sa capacité de résilience, la désertion et la désaffection des élites vis-à-vis d’elle et de son régime le touche fortement. Néanmoins, la balance commerciale russe reste très excédentaire en 2022 pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela s’explique par un contexte international défavorable à l’Occident : une partie du monde refuse ces sanctions occidentales. Ensuite, la dépendance au pétrole et au gaz russe complexifie l’atteinte de l’objectif d’isolement de la Russie. De plus, il faut noter que de nombreuses entreprises européennes ne jouent pas le jeu des sanctions sans pour autant être hors la loi, et ce grâce à leurs filiales. Et enfin, les contrats avec la Chine et l’Inde participent également à rendre sa balance commerciale excédentaire.
Quelles sont les positions notables vis-à-vis de la Russie ? Quels impacts sur l’ordre économique, militaire ou politique ?
Lors de la première résolution de l’ONU concernant l’agression russe en mars 2022, 141 pays condamnaient la Russie, 35 s’abstenaient et 5 soutenaient la Russie. Un an après, le nombre de pays en faveur des sanctions ne changent pas ; mais désormais 32 s’abstiennent et 7 soutiennent désormais la Russie. On observe le même phénomène en ce qui concerne la condamnation de la Russie pour réparation de guerre : 73 pays neutres et 94 pays en faveur. Les pays s’étant abstenus lors du vote de ces différentes résolutions onusiennes se concentre surtout en Asie et en Afrique.
Cette importante abstention peut s’expliquer par des intérêts économiques importants en Russie et des dépendances fortes aux hydrocarbures et aux céréales russes.
Mais cela peut aussi s’expliquer par un narratif occidental de moins en moins audible en Afrique et Asie, où l’on critique les réactions à géométrie variable de l’Occident. Où était l’Occident au Yémen, en Égypte ? Pourquoi les Etats-Unis n’ont-ils pas été mis au ban des nations en 2003 ?
Nous pouvons également comprendre que le Sud ne veuille plus se faire dicter ses choix, à l’heure où le rapport de force à l’échelle mondiale change.
Au niveau de la gouvernance mondiale, il apparait clairement que la Russie est perdante depuis 1991 (elle n’est plus la deuxième puissance mondiale), tandis que d’autres comme la Chine en a largement profité de la mondialisation pour se frayer un chemin vers les premières places du classement des plus grandes puissances mondiales. En ce qui concerne les institutions, le G7 n’est plus représentatif de la situation mondiale actuelle (passé de 66% de la richesse mondiale en 1975 à 30% aujourd’hui. Par ailleurs, le G7 ne regroupe que des puissances occidentales) et s’efface pour des formats plus représentatifs comme le G20 qui réalise 85% du PIB mondial.
Nous avons également observé une volonté (avortée) de l’OTAN de s’élargir en Asie.
Au sujet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), il ne faut pas la considérer comme un bloc monolithique (cf. présence des ennemis jurés indiens et pakistanais), mais plutôt comme une vitrine de partenariats dans la zone géographique ayant la plus forte croissance économique.
Les BRICS, quant à eux, ont désormais une réflexion autour d’une nouvelle monnaie internationale : le NBD, qui est aussi soutenu par des pays comme l’Égypte ou l’Uruguay. Le but de cette monnaie est de créer un système alternatif à celui de la Banque Mondiale et du FMI, qu’ils considèrent comme étant sous tutelle américaine.
Quelles conséquences géopolitiques potentielles dans l’espace post-soviétique ? Est-ce la fin du pré-carré russe ?
Il faut souligner que cet espace comportant 15 républiques est extrêmement hétérogène.
La guerre en Ukraine a les mêmes effets systémiques qu’ailleurs dans le monde (endettement, inflation, problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, …). Mais ces effets sont démultipliés du fait de la proximité géographique avec la Russie et les fortes imbrications d’ordre institutionnel, stratégiques et économiques. De ce fait, ces pays sont fortement impactés par les flux migratoires en provenance d’Ukraine et de Russie et subissent une baisse des transferts financiers depuis la Russie.
Malgré tout, ces pays profitent également d’une fuite des cerveaux des belligérants de la guerre, ainsi que d’une délocalisation des firmes transnationales (FMN). Par exemple, l’Ouzbékistan a pu accueillir plus de 6000 cerveaux et le Kazakhstan une conquantaine de FMN ayant quitté la Russie.
Bien que très hétérogène, l’espace post-soviétique (à l’exception de la Biélorussie) donne de multiples signaux de prises de distance vis-à-vis de Moscou. Bien que les tentatives d’échapper à l’emprise russe ne sont pas nouvelles (pensons aux révolutions de velours survenues, avec des succès divers, en Géorgie en 2003, en Ukraine en 2004 puis en 2013-2014, en Biélorussie en 2006 ou au Kirghizistan également en 2005), elles prennent une toute autre dimension dans le contexte actuel. Leurs modalités varient de signaux très symboliques (manquements aux rencontres officielles ou déclarations ou actes symboliques, surtout de la part des pays de l’Asie Centrale et du Caucase du Sud) jusqu’aux demandes d’adhésion à l’UE déposées par la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, les deux dernières étant devenues officiellement pays candidats en juin 2022. L’Ukraine est naturellement aujourd’hui le pays dont la coupure avec la Russie est la plus nette et, sans doute, définitive.
La plupart de ces pays cherchent à élargir leur marge de manœuvre vis-à-vis de la Russie.
Selon certains experts, la guerre en Ukraine aurait permis l’émergence de nouveaux acteurs dans l’ex-pré carré soviétique. Qu’en pensez-vous ? Quelle est la réelle marge de manœuvre des pays de l’espace post-soviétique vis-à-vis de la Russie et de ces nouvelles forces en présence potentielles ? Quelles opportunités et limites de l’Union Européenne face aux Etats-Unis et à la Chine ?
Il faut comprendre que nous n’assistons pas à une arrivée de nouveaux acteurs. Ils étaient déjà présents dans la région. Donc, il s’agit plutôt d’une accélération des échanges. L’Union européenne, les Etats-Unis, mais aussi la Chine, la Turquie et l’Inde ont également leurs intérêts dans cette zone stratégique situé sur les Nouvelles routes de la soie et regorgeant de ressources naturelles : gaz, minerais stratégiques, etc. Les échanges diplomatiques s’intensifient entre les élites des Etats de l’espace post-soviétique et ces acteurs extérieurs, de nouveaux projets de collaboration stratégique et économique sont en train de naître.
En ce qui concerne l’UE, les limites à son action dans cette zone sont nombreuses et la désavantagent dans sa concurrence avec la Chine, les Etats-Unis mais encore et toujours la Russie. Ces limites sont d’ordre institutionnel, économique et géopolitique. Il est évident qu’à la différence des Etats-Unis et de la Chine, l’Union est tributaire des mécanismes de fonctionnement qui lui sont propres, c’est-à-dire la recherche de compromis à 27, entre les Etats ayant parfois des priorités de politiques étrangères contradictoires. Cette hétérogénéité politique risque de se faire entendre dans la poursuite des négociations d’adhésion avec la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie ou les contours que va prendre l’engagement dans l’Asie centrale. Ensuite, une politique étrangère plus ambitieuse implique un budget plus ambitieux. Dans l’état actuel des économies européennes, cela paraît compliqué (selon la banque mondiale, l’estimation de la croissance de la zone européenne en 2023 serait nulle contre 0,5% aux Etats-Unis et 4,3% en Chine. Le caractère jusqu’auboutiste de la politique de Poutine constitue également une limite à l’action plus poussée des européens et la met dans ce sens au pieds d’égalité avec la Chine et les Etats-Unis. Le Kremlin semble parier sur les limites de l’émancipation de son pré-carré. Ces Etats demeurent étroitement liées à la Russie d’un point de vue de leurs échanges économiques et notamment énergétiques, des flux financiers (investissements russes massifs dans les secteurs bancaire et d’assurance, dans les voies de communication, dont réseaux routier et ferroviaire. (l’Arménie dépendant, par exemple, presque exclusivement, de la Russie pour ses approvisionnements en céréales, en gaz ou en pétrole).
Avec les sanctions concernant la plateforme SWIFT, la remise en cause du dollar, la guerre en Ukraine a eu des impacts notables sur l’économie mondiale et son organisation. Quels sont les effets systémiques que cette guerre a eu sur l’économie mondiale ?
Nous assistons à une accélération du processus de révision de l’ordre international en cours depuis 2008. En fait, la crise de 2007-2008n a enclenché un processus de rupture vis-à-vis de modèle de croissance néo-libéral. Dans un contexte international déjà difficile avant la guerre au niveau économique, il faut également faire attention à différencier les impacts de la guerre des tendances structurelle qui prédate l’explosion de la crise Ukrainienne.
La crise économique se manifeste à 2 niveaux :
- Une croissance trop faible depuis les années 1970, accentué récemment par l’atterrissage de l’économie chinoise. Nous vivons aujourd’hui dans un contexte de stagflation.
- La financiarisation de l’économie qui a produit une explosion de la dette internationale, aujourd’hui évaluée à 350% du PIB mondial. Depuis 2008, l’endettment a continué son accélération
Cette croissance faible pose problème dans ce contexte d’explosion de la dette puisque cela va causer des difficultés à rembourser ces dettes.
L’inflation n’est pas sans lien avec la politique expansionniste de la FED dans un contexte de croissance faible.
Dans ce contexte, l’explosion de la crise ukrainienne ajoute un élément géopolitique majeur approfondissant la crise en touchant à une de centre de l’économie mondiale : l’Europe et ses centres industriels et financiers. Nous sommes toujours en situation d’observation afin de désassocier les effets de court et longs termes, mais le bilan de la 1ère année sonne déjà l’alarme par rapport aux conséquences de restructuration des chaines de valeurs sur l’économie européen. Si on prend l’exemple des effets des changements dans la chaine de valeur énergétique notamment le gaz sur l’industrie allemande
- La guerre a conduit les prix de gaz à l’explosion : dans l’apogées de flambée des prix courant l’été passé, l’UE a payé un prix 3.5 le prix de l’année passée qui était déjà élevé
- L’augmentation des prix du gaz a entraîné une forte baisse de la production industrielle et une augmentation des importations, en particulier dans les secteurs à forte consommation d’énergie et de gaz, tels que les produits chimiques, l’acier et les engrais.
- En décembre 2022, La production dans les secteurs à forte consommation d’énergie a baissé de près de 20 % par rapport à décembre de l’année dernière (ING).
- Fertilizers Europe, une association européenne regroupant 17 fabricants d’engrais, a annoncé que 70 % de la capacité de production européenne d’engrais a été réduite en raison des prix élevés du gaz. (GIS)
- Ces industries sont exposées à la concurrence mondiale ; et la hausse durable du coût des intrants rend les produits européens moins compétitifs par rapport à leurs équivalents nord-américains ou asiatiques.
Avec l’inflation mondiale sur les marchés et les crises d’approvisionnement à répétition. Quelles sont les retombées de la crise économique sur les pays du Sud ? Et quelles implications sur la stabilité politique de ces pays ?
Nous avons les mêmes configurations que à l’échelle internationale : un ralentissement de la croissance économique, avec une montée conséquente des dettes notamment externe et privée
- Malgré la diversité des profils des pays du Sud global, il y a certaines tendances à l’aggravation des détresses financiers, surtout parmi les pays importateurs nets des produits de base et/ou dépendant au financement externe.
- Cela est visible dans la dynamique de leurs balances des paiements qui subissent des pressions tant financières que commerciale,
- Au niveau financier, l’augmentation des taux d’intérêts par le FED et la BCE a produit
- Une sortie des capitaux et une difficulté de financement
- Une dépréciation de leurs monnaies. 34 pays ont vu leurs monnaies se déprécient de plus de 10 % : Sri Lanka : 77%, Turquie : 31%, Egypte 20% : Jan-Juin 2022)
- Cette dépréciation a alourdi les factures du service de la dette déjà très élevés : le service d’une partie de la dette externe dans l’Afrique subsaharienne s’élève à 15% du revenue budgétaire (Sri Lanka : 60%, Égypte :45%)
- Endurcissement des conditions d’accès au financement dans le marché financier : le taux d’intérêt à payer a augmenté de plus que 10 % par rapport à la norme compris pays comme Égypte, Turquie, Pakistan, Uganda and Zambie.
- Au niveau commercial : l’augmentation des factures d’importation des produits
- Selon le CNUCED cela n’est pas sans lien avec à l’expansion monétaire pendant COVID et l’euphorie spéculatif à la hausse des prix des matières premières.
- En plus, la dépréciation des monnaies par rapport au Dollar a rendu les importations plus onéreuses.
- Sans oublier la guerre en Ukraine qui aurait constitué un grand choc d’offre puisqu’elle implique des gros exportateurs. L’accord coordonné par la Türkiye a permis, pour maintenant, de calmer les marchés après atteindre son apogée pendant l’été passée.
- Au niveau financier, l’augmentation des taux d’intérêts par le FED et la BCE a produit
- En gros, nous sommes dans un contexte de détresse financière et d’inflation faisant grande pression sur la croissance.
- Pratiquement cela signifie que la crise économique à l’échelle internationale se reflet dans un dysfonctionnement de l’appareil économique dans une partie des pays du Sud et une dégradation du niveau de vie.
La guerre en Ukraine apporte des questionnements sur le rapport entre l’Union européenne et les Etats-Unis. L’aide américaine en Ukraine et leurs moyens redéployés en Europe sont colossaux. Comment se positionne l’Europe concernant le « retour en grâce » de l’OTAN ? L’OTAN constitue-t-elle un outil de vassalisation de l’UE ? Ce retour en grâce de l’OTAN met-il en état de mort cérébrale le projet d’Europe de la Défense ?
L’OTAN n’avait plus d’ennemi depuis 1991 malgré une forte activité en Afghanistan et au large de la Somalie. Ici le retour de la guerre relégitimise l’alliance car l’organisation se retrouve face à ce pourquoi elle avait été créée.
Ce retour en grâce de l’OTAN met-il en état de mort cérébrale le projet d’Europe de la Défense ? La défense européenne n’est pas en état de mort cérébrale puisque celle-ci n’est même pas au stade embryonnaire. Mais pourquoi ne pas la lancer ? Cela peut s’expliquer par la diversité des politiques étrangères européennes qui ne sont pas toujours compatibles entre elles. De plus il est compliqué de baser une défense européenne avec le but de dépenser le moins possible.
L’OTAN est-il un outil de vassalisation ? la question est posée sous un angle français puisque de nombreux États européens tels que la Hongrie et l’Allemagne ne conçoivent pas leur défense hors du cadre de l’OTAN.
L’avenir de la défense européenne a donc beaucoup de chances de s’écrire dans le cadre de l’OTAN. En ce qui concerne le retour des Etats-Unis en Europe, celui-ci n’est pas voulu et désormais que le front semble se figer en Ukraine, il va y avoir de fortes pressions sur l’Ukraine pour que celle-ci fasse des concessions afin de permettre aux Etats-Unis de se reconcentrer sur l’Indopacifique.
La nouvelle Loi de Programmation Militaire française et les 100 milliards promis par Scholz à la Bundeswehr sont-ils uniquement des effets d’annonce ou entérinent-ils le retour d’une course à l’armement ?
Il est important de souligner que la course à l’armement n’a jamais cessé hors de l’Europe. Cela fait des années qu’autour de la mer de Chine et qu’aux Etats-Unis, il y a un retour de la course à l’armement. Le marché de l’armement représente $2000 milliards et dans ce marché, les Etats-Unis représentent 37% des dépenses avec environ 800 milliards, la Chine 290 milliards ; et d’autres comme la Russie, l’Inde ou la France autour de 60 milliards.
Avec ces plans, l’Europe cesse de jouer les herbivores aux milieux des prédateurs. Il s’agit simplement d’un retour à une situation relativement commune pour l’Europe. Beaucoup de pays de l’Union européenne étaient devenus des « nains stratégiques ». Ces dépenses vont d’abord servir à rattraper et réparer 30 ans de désarmement. On estime qu’il va falloir près de 10 ans à l’Europe pour restaurer sa puissance militaire.
À titre d’exemple, la situation militaire allemande est encore pire en 2023 qu’en 2022. Il y a 18 000 postes vacants sur 210 000 et l’armée allemande a besoin de 50 milliards de $ pour construire des infrastructures de base comme des gymnases, des pistes de décollage et d’atterrissage.
Pour conclure, quels scénarios d’évolution voyez-vous pour ce conflit ? Comment pouvons-nous envisager l’avenir de nos relations (en tant qu’Européens) avec notre voisin russe ? Une formule de bon voisinage, est-elle encore possible ?
Pour commencer, la Cour Pénale internationale désigne Poutine, donc un Homme et non pas le pays entier ; ce qui laisse la porte ouverte à des négociations futures.
Ensuite, les relations futures dépendent pour beaucoup de la Russie. Il est probable que l’on observe un temps d’apaisement pour ensuite revenir à des échanges énergétiques comme c’était le cas avant la guerre.
Si le parti Russie Nouvelle reste au pouvoir, il ne sera néanmoins pas possible d’établir une relation de confiance. De plus, un remplacement de pouvoir à la tête de l’État ne veut pas dire que son successeur sera moins agressif. En effet, les proches de Poutine sont tout autant agressifs que lui.
Notes annexes :
Construire une relation de sécurité avec la Russie est souhaitable mais compliqué à faire avec le régime actuel car celui-ci est construit sur la peur. Si une relation de sécurité venait à s’établir, cela impliquerait un abandon du discours de légitimation du régime actuel. Ce qui est inconcevable pour Poutine.
Il faut également surveiller les pressions croissantes de la Chine sur le dossier ukrainien. Le plan en 12 points n’est pas vide et inintéressant comme dit en Occident. Celui-ci condamne les attitudes occidentales et russes au travers de la dénonciation du climat de guerre froide. De plus la Chine se place ici comme la troisième voie d’un ordre mondial entre le néolibéralisme américain et la brutalité russe. La Chine se positionne comme garde-fou face à une humiliation de la Russie, mais aussi comme tuteur de celle-ci, ce qui est une autre forme de défaite pour Vladimir Poutine.
Les différents approches des relations internationales se mettent d’accord que nous sommes dans une phase historique propice à la guerre suite aux changements dans les rapports de forces matérielles qui sont le fondement d’une ordre international donnée. Donc les risques d’élargissement et la multiplication des guerres sont très sérieux.
Afin d’éviter telle scénario, nous avons besoin d’une sortie par le haut : une solution politique qui combine respect de droit internationale (le respect de souveraineté nationale), tout en prenant en considération les préoccupations sécuritaires de toutes les parties.
L’Europe a intérêt à jouer un rôle de paix car les conséquences longue terme sur son économie pourraient être conséquentes. La France a elle, pourrait revitaliser sa tradition gaulliste de balance entre les parties afin d’accélérer une issue politique.
La France a elle, intérêt à ce que la guerre se termine rapidement, notamment pour des questions d’ordre économique. Elle pourrait encore jouer le rôle gaulliste de balance entre les parties lors de potentielles négociations entre la Russie et l’Ukraine.
Pour la suite du conflit, il ne faut pas négliger le fait que l’Ukraine soit sous perfusion économique et militaire et que la paix se fait à 2. On ne pourra pas imposer à la Russie une paix par la défaite. Enfin pour que des réformes aient lieu, il faut que les soutiens des 2 parties fassent très fortement pression ou que les 2 belligérants soient dans un état d’épuisement symétrique.
Conférenciers : Salam Alshareef ; Jean-Marc Huissoud ; Mourad Chabbi ; Laurent Griot ; Katsyarina Zhuk
Une transcription de qualité