Le 24 février 2022 débutait ce que l’on connaît aujourd’hui comme « la guerre en Ukraine ». Cela fait plus d’un an que les forces armées russes essaient de prendre le contrôle de Kiev afin d’y installer un gouvernement pro-russe. Cependant, ces dernières ne s’attendaient certainement pas à une telle résilience ukrainienne dirigée par Volodymyr Zelensky, ancien acteur propulsé chef de guerre contre son gré, ni à un tel soutien occidental. A l’occasion du triste anniversaire de ce conflit, la Tribune de GEM ONU vous propose de revenir sur les 10 dates clés de cette guerre.

24 février 2022 : début de la guerre

Après avoir reconnu l’indépendance du Donbass, Vladimir Poutine a ordonné à ses troupes de se lancer à l’assaut de l’Ukraine afin de le « démilitariser » et le « dénazifier » selon ses dires. Cependant, la réalité est toute autre : le but final de cet assaut supposé éclair est d’installer à Kiev un gouvernement favorable pro-russe. Quatre fronts sont ouverts à l’est et au nord du pays (via la Biélorussie) afin de déstabiliser le pays, qui, face à cette agression, adopte la loi martiale. De son côté, la communauté internationale condamne fortement l’acte de Poutine. L’UE, qui connaît depuis la première fois depuis 70 ans la guerre sur ses terres, décide alors de mettre en place les sanctions les plus sévères jamais prises envers la Russie (gel des avoirs, sanctions financières, interdiction d’exportation du pétrole…

27 février 2022 : soutien occidental accru

Tandis que la Russie brandit la menace nucléaire afin de répondre aux sanctions occidentales, l’UE approuve le financement d’envoi d’armes en Ukraine pour la première fois de son histoire. Cet investissement de 450 millions d’euros s’accompagne de sanctions supplémentaires, notamment la déconnexion de plusieurs banques russes au système Swift. La Biélorussie, alliée majeure de la Russie, devient elle aussi la cible de sanctions européennes sur les secteurs phares de son économie (hydrocarbures, tabac…).

28 février 2022 : L’Ukraine signe sa demande d’adhésion à l’UE

Alors que l’intégration de l’Ukraine à l’UE est inscrite dans la Constitution ukrainienne depuis 2019, c’est deux ans plus tard que cette dernière signe officiellement sa demande d’adhésion. Cette demande est supportée par plusieurs personnalités européennes, notamment Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne : « ils sont des nôtres et nous les voulons parmi nous ». Volodymyr Zelensky s’est exprimé le lendemain devant le Parlement européen en les exhortant à montrer le soutien européen envers l’Ukraine, largement applaudi par les eurodéputés ayant adopté la résolution pour « faire en sorte d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne ».

4 mars 2022 : La centrale de Zaporijia en feu

Après des frappes effectuées dans la nuit du 3 au 4 mars, Kiev a accusé Moscou d’avoir recours à la « terreur nucléaire ». En effet, ces frappes ont provoqué un incendie dans la plus grande centrale atomique d’Europe, celle de Zaporijia. Fort heureusement, ces attaques n’ont pas atteint les réacteurs, seulement des bâtiments administratifs, ainsi, aucune fuite radioactive n’a été signalée. Toutefois, cette attaque aura permis à la Russie d’occuper la centrale nucléaire qui reste un enjeu stratégique majeur en Europe puisqu’elle est capable de fournir en électricité près de quatre millions de foyers.

13 avril 2022 : La fin du non-alignement de la Suède et de la Finlande

Si la Russie a eu peur de voir l’Ukraine intégrer l’OTAN et ainsi d’offrir près de 1500km de frontière avec l’Alliance, cette dernière a perdu au change puisque la Suède et la Finlande ont vu leur candidature acceptée par l’Organisation, offrant donc à l’OTAN près de 1300km de frontière en commun avec la Russie. De plus, la Finlande a rompu avec sa politique historique de neutralité bienveillante envers la Russie, tout comme la Suède, ce qui est un symbole fort de l’échec russe dans son essai de « finlandiser » l’Europe. Pire, selon Joe Biden, la Russie a réussi à « otaniser » l’Europe. 

Septembre 2022 : L’Ukraine à l’offensive

Le 6 septembre 2022, Les forces armées ukrainiennes lancent une contre-offensive de grande ampleur dans les régions de Kharkiv, de Donetsk et de Louhansk. Principalement concentrée vers l’oblast de Kharkiv (nord-ouest de l’Ukraine), l’offensive profite du redéploiement de milliers de troupes russes dans l’oblast de Kherson (sud de l’Ukraine) après une importante campagne de désinformation ukrainienne.

L’offensive est vécue comme la « plus grande défaite militaire russe depuis 1943 ». L’Ukraine récupère 502 localités dans l’oblast de Kharkiv, 75 dans l’oblast de Kherson et 43 dans l’oblast de Donetsk d’après le ministère de la réintégration des territoires temporairement occupés au 13 octobre 2023. 

Fin septembre 2022 : Mobilisation de masse russe et référendums

À la suite des défaites militaires en Ukraine, Vladimir Poutine décrète le 21 septembre une mobilisation de 300 000 réservistes. Des manifestations sont organisées et des dizaines de milliers de jeunes fuient à l’étranger à la suite de l’annonce.

Le 30 septembre, Poutine saluait les résultats des référendums d’annexion organisés à la hâte dans les territoires occupés. Les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson auraient ainsi voté pour le rattachement à la Russie. Les Occidentaux ont condamné la démarche russe et imposé de nouvelles sanctions. 

Début novembre 2022 : Kherson est libérée

Le 9 novembre 2022, Kherson (300 000 habitants) est libérée après plus de huit mois d’occupation russe. Hautement stratégique, la ville portuaire donne accès à la Crimée et permet de contrôler l’embouchure du Dniepr et les environs de la mer d’Azov. Bien que libérée, la ville subit aujourd’hui encore de nombreuses frappes meurtrières de l’armée russe.

Janvier 2023 : Première victoire russe depuis juin 2022 à Soledar

Le 16 janvier, les forces armées de la fédération de Russie aidées par le groupe paramilitaire Wagner arrachent une victoire à Soledar, dans l’est de l’Ukraine, après plusieurs mois de revers humiliants. La ville n’est pour autant pas une très grande prise (15 000 habitants avant le conflit) et elle ne revêt aucune portée stratégique. Toutefois, la prise de la ville semble s’inscrire dans une tactique d’encerclement d’une ville voisine : Bakhmout. 

Le 25 janvier 2023 : Livraison de chars à l’Ukraine

Le 25 janvier, L’Allemagne et les Etats Unis annoncent après plusieurs semaines de tergiversations la livraison de chars lourds à l’Ukraine. Il s’agit des 2 seuls pays après le Royaume Uni et la Pologne à livrer ce type d’armement. L’Allemagne livrera 14 chars Léopard 2, les USA livreront 31 chars Abrams. Bien qu’il semble passer un cap, le soutien des deux pays devraient avoir des conséquences militaires limitées. En effet, les chars arriveront tardivement et la formation des militaires ukrainiens ainsi que la coordination de ce nouvel équipement à la stratégie globale de l’Ukraine pourraient prendre beaucoup de temps. Néanmoins ce geste réaffirme le soutien occidental envers l’Ukraine. 

L’hiver a rendu difficiles les grandes manœuvres militaires en campagne au profit des combats en zone urbaine. Le conflit s’est donc enlisé et les lignes de front sont gelées. Après un an de combat, les affrontements dans le Donbass sont toujours aussi brutaux, en particulier dans la ville de Bakhmout où se concentrent aujourd’hui les combats. La Russie contrôle à ce jour les oblasts de Louhansk, de Donetsk et le sud de l’Ukraine (rive droite du Dniepr). 

Quentin Chhay
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