Petit pays de 2,8 millions d’habitants au carrefour entre l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, le Qatar s’impose comme un des pays les plus riches de la péninsule arabique. Ce pays, où se mêle tradition et modernité, attire de plus en plus de touristes à la fois nationaux et étrangers sur son sol notamment grâce à un soft power qui ne cesse de s’affirmer et de grandir.

Lorsque Joseph Nye inventa le terme “soft power“ en 1990, c’est pour désigner une forme d’influence d’un acteur sur un autre par des moyens non coercitifs mais plutôt cognitifs et culturels. À l’échelle du Qatar, celui-ci se démarque surtout dans le domaine du sport, des médias mais aussi de la diplomatie : c’est en effet un acteur qui devient de plus en plus influent et visible sur la scène internationale.

Le Qatar, une affirmation accrue dans la sphère sportive

Aujourd’hui, le monde connaît le Qatar principalement par la dimension sportive de son soft power : en effet, le pays affiche des ambitions de taille dans le domaine du football : il y a quasiment 10 ans, en décembre 2010, l’État qatari obtenait l’organisation de la Coupe du monde 2022. Pour un petit pays comme le Qatar, cela signifiait beaucoup : cette décision allait permettre au pays de consolider son soft power face à son géant voisin qui n’est autre que l’Arabie Saoudite. Cette percée de l’État qatari en a surpris plus d’un de telle sorte que même des soupçons de corruption ont vite commencer à se propager au sein de la Fifa.

Le Qatar voit en grand pour la prochaine compétition mondiale de football : 130 milliards d’euros d’investissements annoncés dont 35 milliards consacrés pour les systèmes de transports… un budget colossal pour un pays qui affiche une triple ambition : montrer au monde entier qu’il s’ouvre sur le monde et affiche une tolérance assumée, s’affirmer vis-à-vis de ses puissants voisins et enfin jouer dans la cour des grands des plus grandes nations sportives mondiales.

Outre le mondial de 2022, le Qatar figure également dans les nations de prestige : en 2011, le QSI (Qatar Sports Investment) fait fort en rachetant pour 70 millions d’euros le Paris-Saint-Germain. Par la suite, le PSG va devenir une des marques de football les plus connues au monde, incarnée par des joueurs de renom tels que Neymar ou encore Lionel Messi recruté très récemment à prix d’or.

Toutefois, on voit clairement un paradoxe se dessiner ici : en effet, le Qatar est donc un pays qui finance et accueille les évènements sportifs mondiaux et pourtant, on ne retrouve quasiment aucun sportif qatari au sein de ces compétitions. En effet, tous les athlètes qataris sont naturalisés peu avant ces évènements mais on observe un relatif développement dans ce domaine à travers des structures comme l’Aspire Academy fondée en 2004 : le but est de rechercher et d’aider à développer des athlètes qatariens en leur donnant accès à une éducation secondaire au sein de cette académie sportive.

Par conséquent, le Qatar s’impose comme une des nations les plus influentes dans le domaine sportif et affiche davantage d’ambitions (notamment pourquoi pas se convertir en un prochain hôte des JO ?)

Les médias qataris de plus en plus présents

Afin de gagner en pouvoir dans la région du Golfe persique, le Qatar n’a pas hésité à miser sur un autr elevier : celui des médias et de la communication. En effet, dès 1996, le pays lance sa propre chaîne d’informations, Al Jazeera, dans le but de rompre le monopole saoudien dans les médias arabes. Disponible en arabe, anglais, turc et serbo-croate, la chaîne connaît un succès planétaire puisqu’elle figure parmi les plus grands médias internationaux comme CNN ou encore RT en Russie. Plus qu’un simple outil, les chaînes de télévision permettent d’étendre l’influence de tel ou tel pays dans le monde entier et ainsi contribuer à la distinction des pays arabes les uns des autres.

À part Al-Jazeera, le Qatar peut également compter sur son réseau de chaînes sportives comme BeIn Media Group qui, grâce au poids du pays dans le domaine sportif, connaît un essor : avec ses 4 millions d’abonnés rien qu’en France et présent dans plus de 40 pays dans le monde, le groupe est considéré comme le plus grand acheteur de droits sportifs dans le monde.

Ainsi, le soft power qatari s’illustre également dans les médias qui ne sont pas anodins et montre l’ambition affiché par le pays de sortir du lot dans la région.

Une envie de s’affirmer comme un acteur clé de la diplomatie internationale

À part le sport et les médias, si l’on devait noter un troisième élément du soft power qatari cela serait au niveau de la diplomatie. En effet le pays a également ambition de devenir un acteur incontournable de la région en ce qui concerne la tenue des négociations internationales en son fief. C’est notamment dans ce contexte que le pays a accueilli à Doha le cycle du même nom (le cycle de Doha) qui est un cycle de négociations qui s’est déroulé en 2011 sous l’égide de l’OMC. Le Qatar a ainsi accueilli une des réunions les plus importantes concernant la libéralisation des échanges et l’amélioration de l’accès aux marchés des pays riches pour les produits agricoles des pays en développement.

Même si ce cycle s’est soldé par un échec (toutes les parties prenantes n’ayant pas parvenu à trouver un terrain d’entente), ce programme est d’une grande importance puisqu’il délimitait les différentes mesures à adopter afin d’aider les pays en développement à emprunter la voie du développement et à appréhender les défis à relever pour le système commercial. Le fait que cela se soit fait à Doha au Qatar a permis au pays de connaître un certain rayonnement à l’échelle internationale en tant que pays capable d’accueillir de tels évènements aux enjeux multiples.

Par conséquent, le soft power qatari contribue énormément à l’influence du pays à la fois à l’échelle régionale et internationale. C’est surtout dans le domaine du sport que le Qatar est reconnu comme une grande nation, que cela soit à travers ses investissements ou encore les évènements qu’elle va accueillir. Son soft power est d’autant plus renforcé par ses chaînes de télévision telles que Al Jazeera qui a fait une entrée remarquable dans les plus grands médias internationaux.

Cependant, de nombreux scandales éclaboussent l’image du pays et ruinent les efforts mis dans la diffusion du soft power. On retrouve ici les financements au mouvement terroriste des Frères Musulmans menant au blocus des autres pays du Golfe sur le Qatar ou encore le scandale des nombreux décès des travailleurs étrangers sur les chantiers des stades de la future Coupe du monde de football de 2022.

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