Auteur : Donatien Bertaud Traducteur : Samuel Durand
Langue originale : Français
Source : cn matters, https://www.youtube.com/watch?v=4wPSyl2Yb1M
L’espace fait partie intégrante de la future stratégie de développement chinoise, mais tout le monde ne voit pas cela d’un très bon œil.
La Chine a récemment fait la une des journaux suite à l’atterrissage réussi de l’une de ses sondes spatiales sur la face cachée de la Lune. Cette réalisation relève davantage d’un outil médiatique que d’un réel progrès. Néanmoins, c’est la dernière d’une série de grandes étapes franchies par le programme spatial chinois.
Ce dernier a été initié par Mao dans les années cinquante après qu’il ait pris conscience de la menace américaine à travers la guerre de Corée, et ait été frappé par le lancement de Spoutnik 1 en 1957. Depuis, la Chine a poursuivi son programme de lancement de satellites et d’exploration spatiale. Le premier objectif était de développer la capacité de lancement de missiles. Le second était d’obtenir des images satellites tout en maintenant le prestige du parti et la puissance de la RPC.
Néanmoins, le programme a rencontré de nombreux obstacles. En effet, les relations difficiles entre la Chine et l’URSS dans les années soixante ont mis fin au transfert de technologie. Cependant, la Chine réussit à développer un système de lancement spatial inspiré de la technologie russe. Le second grand obstacle auquel le programme a dû faire face fût les sanctions américaines dans les années 1990. En effet, certaines entreprises américaines fournissaient une assistance technique au programme spatial, notamment en ce qui concerne les systèmes de lancement (qui ont des usages militaires plus qu’évidents pour les Etats-Unis). Par conséquent, bien que la Chine ait bénéficié de cette aide, elle devait encore développer sa propre technologie. Non seulement en ce qui concerne le lancement, mais également pour les satellites. Ces sanctions américaines ont également entraîné l’exclusion de la Chine du projet de la Station Spatiale Internationale (SSI). Malgré cela, la Chine s’est rapidement établie dans la conquête spatiale. Le premier satellite chinois a été lancé en 1970. En 2003, c’était le lancement de la première mission habitée. En 2010, un laboratoire en orbite dans l’espace a été mis en place. Au cours des cinq prochaines années, la Chine envisage de créer sa propre station spatiale internationale, qui sera ouverte à la collaboration avec chaque État, une leçon tirée de son exclusion de l’ISS.
Un programme spatial ambitieux.
source spacenews https://spacenews.com/china-could-be-facing-space-station-delay-tiangong-2-to-be-deorbited/
Les ambitions de la Chine en matière d’exploration spatiale sont très vastes et le gouvernement espère que le développement de la technologie des voyages dans l’espace constituera un aspect essentiel de la stratégie future du pays. La RPC n’est pas la seule dans ce cas de figure. Par exemple, nous avons pu voir en 2015 le Congrès américain adopter le SPACE Act afin de renforcer les sociétés de lancement spatial privées telles que Space X. Plus récemment, Trump a fortement plaidé en faveur de la création d’une force spatiale. L’Europe quant à elle est un peu timide dans ce domaine même si le Luxembourg a été le premier pays à adopter une loi réglementant l’exploitation des astéroïdes.
Dans son livre blanc de 2016, le gouvernement chinois a déclaré que les trois prochains objectifs du programme spatial chinois seraient tout d’abord de créer une station spatiale, puis de créer une station spatiale solaire, tout en cherchant à exploiter commercialement les astéroïdes, et enfin à établir une base lunaire. Ces objectifs font partie des ambitions et de la stratégie future de la Chine. La station spatiale permettrait des recherches scientifiques afin de faciliter l’exploration dans l’espace lointain et une potentielle production dans l’espace. En effet, la Chine expérimente par exemple déjà la reproduction humaine dans l’espace dans son laboratoire spatial Tianzhou 1. D’après une interview donnée par l’ingénieur en chef de la mission lunaire chinoise à la BBC, l’objectif chinois à propos de la Lune est, sur le long terme, de s’y implanter. Par conséquent, la station spatiale constitue un objectif intermédiaire permettant de faciliter la réalisation des deux autres. Des expérimentations vont également être menées sur une production dans l’espace à l’aide d’une imprimante 3D et de matériaux spatiaux. Ce qui, en cas de succès, réduirait de façon significative le coût des futures installations spatiales. De 536 millions $ (50 000 $ par Kg) à 170 millions $ (250 $ par Kg) d’après les estimations données par l’Administration Spatiale Nationale Chinoise (CNSA) à une conférence internationale. Ils auraient seulement besoin d’envoyer des imprimantes 3D et des produits non finis. De plus, cela réduirait les coûts de maintenance pour les installations spatiales déjà existantes ainsi que leur dépendance à l’égard de leurs approvisionnements lancés depuis le sol. Le second objectif d’une station qui fonctionne à l’énergie solaire est censé assurer à la Chine une autosuffisance en matière de production énergétique et lui permettre de mettre fin à sa dépendance aux énergies fossiles. Ce projet est censé aboutir en 2050 mais une première station d’essai en orbite terrestre basse est prévue pour 2025. Le dernier objectif est l’exploitation – minière – des astéroïdes, l’exploration lunaire et l’implantation. Les astéroïdes vont être exploités pour leurs « supposés » ressources minérales. Les agences spatiales chinoises espèrent pouvoir exploiter l’eau présente sur la Lune afin d’alimenter leurs engins spatiaux pour une exploration spatiale approfondie. Néanmoins, une question demeure par rapport à ces projets : qu’en est-il de la souveraineté spatiale et de l’encadrement légal autour de l’appropriation des ressources spatiales ?
La Chine dans l’espace est perçue comme une menace.
La Chine perçue comme une menace. (Source amazon https://www.amazon.fr/Death-China-Confronting-Dragon-Global/dp/B01DHTCQSO)
C’est en partie ce qui inquiète les autres pays : la Chine va-t-elle reproduire dans l’espace ce qui s’est passé dans le Sud du pays en défendant que c’est au premier pays présent que revient la souveraineté ?
Le programme spatial chinois est en partie inquiétant pour les autres pays du fait que, contrairement à la NASA et son équivalent européen, l’ESA, l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) est dirigée par l’Administration d’État pour la Science, la Technologie et l’Industrie de la Défense nationale chinois (SASTIND). Cette institution fait partie de celles qui définissent le budget alloué à l’approvisionnement en matériel de Défense. Elle est, par conséquent, fortement liée au gouvernement et à l’institution militaire. Le développement spatial de la Chine est perçu comme une menace sur plusieurs fronts. Tout d’abord, les satellites chinois sont principalement contrôlés par l’armée populaire de libération pour 48 d’entre parmi les 132 et le gouvernement chinois qui en contrôle 67 seuls 5 sont civiles et 12 commerciaux comparativement, dans la flotte de satellite américaine, 228 des 526 satellites sont commerciaux. Ces satellites offrent à la Chine des capacités de renseignement, surveillance, et reconnaissance. Si la Chine a toujours insisté sur le fait que ses satellites ne prennent pas d’image du territoire d’autre nation souveraine, le fait qu’il refuse de mettre en vente les photos haute résolutions de leurs satellites n’est pas bien reçu. Certains argue que cela leur permet de cacher les réelles capacités de leur satellite mais aussi de renforcer le discours officiel refusant toute prise d’images de Chine continentale ou de ses positions maritimes de la part des satellites d’autres nations. Une partie des ambitions chinoises consiste aussi à développer des satellites de communication efficaces afin de renforcer les communications militaires vis-à-vis de ses forces. Tous ces équipements vont permettre une modernisation de la façon dont opère l’APL et la rapprocherons encore plus de son statut d’armée de premier rang mondial en 2049 comme annoncé dans les objectifs de Pékin.
En réponse, les Etats-Unis développent des mesures antisatellites basées sur l’utilisation de missiles, de brouilleurs et d’une potentielle force spatiale. De facto, l’espace est plus que jamais une préoccupation stratégique et une potentielle source de tension.
China’s space ambition
Source : cn matters, https://www.youtube.com/watch?v=4wPSyl2Yb1M
Space is an integrant part of China’s future development strategy but this is not kindly regarded by everyone.
Recently China made the headline by landing a spacecraft on the hidden side of the moon. This success is more of a good communication tool than a real progress. It is still the last one of a string of great achievement from the Chinese space program.
A quick progression amidst difficulties
The Chinese space program was initiated by Mao in the fifties after he realized the threat of US missiles through the Korean war and was shocked by the launch of Sputnik in 1957. Since then China as pursued its satellite launch and space exploration program. The first goal was to develop missile launch capacity, the second to obtain satellite imagery while upholding the prestige of the party and the power of the PRC. The program faced many obstacles. The difficult relations between China and the USSR in the sixties lead to the end of technology transfer. Still China managed to develop space launch system inspired from Russian technology. The second bigger hurdles the program faced was US sanction in the 1990’s. Indeed, some US companies were providing technical assistance to the space program especially the launcher part which for the US had too obvious military uses. Therefore, China had from this point on to develop its own technology not only for launch but also for satellite. Those US sanctions also lead to the exclusion of China from the cooperation around the International Space Station. Still, China quickly gained a foothold in space conquest. In 1970, the first Chinese satellite was launched. In 2003, the first manned mission was launched. In 2010, an orbiting laboratory in space was established and in the next five years China is planning to create its own international space station open to collaboration with every nation state a lesson learned from its exclusion of the ISS.
An ambitious space program.
source spacenews https://spacenews.com/china-could-be-facing-space-station-delay-tiangong-2-to-be-deorbited/
China’s space ambitions are very broad and the government is stressing that development in space is part of the future development strategy of the country. The PRC is not the only one in this case. For instance, we have seen in 2015 the congress passes the US Commercial Space Launch Competitive Act to reinforce private launch company such as Space X. More recently Trump strongly advocated for the creation of a Space force. Europe is a bit shyer in this domain even if Luxembourg was the first to pass a law regulating the exploitation of asteroids.
In its white paper of 2016, the Chinese government stated that the three next goals for the Chinese Space Program would be first to establish a space station, then create a space based solar power station 1, while trying to commercially exploit asteroids and establish a lunar base 2. Those objectives are part of China’s ambitions and future strategy. The Space station would allow scientific research in order to facilitate deep space exploration and potential production in space. Indeed, China is for instance already experimenting on human reproduction in space on its Tianzhou 1 a laboratory in space and according to the chief designer of the Chinese lunar mission in an interview to the bbc china long term goal on the moon is to settle there. Therefore, the space station is an intermediate objective in order to facilitate the two other ones. Experimentations will also be led on how to produce in space using a 3D printer and space materials. This would if successful reduce significatively the cost of future space installations from $536 trillion ($50,000 per kilogram) to $170 billion ($250 per kilogram) according to some estimates from the Chinese space agency presented at an international conference 3. They will only need to send 3D printers and not finished products. In addition, it will cut maintenance cost for already existing space infrastructure and reduce their dependence towards ground launched supply. The second objective of a solar based power plant is supposed to ensure China’s self-sufficient production of energy and to eliminate its reliance on fossil materials. This project is supposed to succeed in 2050 but a first operating station in low earth orbit has been announced for 2025. The last objective is asteroid exploitation, lunar exploration and settlement. Asteroid will be mined for minerals whereas, the Chinese space agencies hope to exploit water on the moon in order to fuel space crafts for deeper space exploration. Still for those projects a question remains what about space sovereignty and the legal framework surrounding the appropriation of space resources.
China in space perceived as a threat.
La Chine perçue comme une menace. (Source amazon https://www.amazon.fr/Death-China-Confronting-Dragon-Global/dp/B01DHTCQSO)
This is part of what worries other countries: will China reproduce in space what happened in the South China using claims of being the first country present to obtain sovereignty.
China space program is in part worrying for other country due to the fact that contrary to NASA and its European equivalent the ESA, the CNSA Chinese National Space Administration is led by the SASTIND State Administration of Science Technology and Industry for National Defense. SASTIND is part of the institutions defining military procurement budget and is consequently strongly linked with the government and military establishment. Chinese space development is perceived as a threat on different front. First, Chinese satellites are mostly controlled by the People Liberation army (48 out of a 132) and the Chinese government (67 out of 132) with only 5 civilian satellites and 12 commercials in comparison of the US satellites fleet 228 out of 526 are commercial. Those satellites provide China with Intelligence Surveillance and reconnaissance capabilities. If China as always insisted that those satellites don’t take any pictures of other sovereign nation territory, the fact that they refuse the commercial use of the higher resolution picture they took is not well perceived. Some argue that it is to hide the real capabilities of their satellites or to uphold the official discourse of refusing that other country satellites capture images of China’s mainland and at sea positions. Part of China’s ambition is also to develop efficient communication satellites in order to reinforce command and control of its forces. Those equipments will allow a modernization of the way the PLA operates and allow it to be one step closer to a first order military in 2049 as stated in Beijing objectives.
In response the US is developing anti-satellites measures such as missiles, jammers, and maybe its potential new space force. Consequently, space is now more than ever a concern and a potential source of tension.
Sources :
1 Cyranoski, David. 2019. « China Sets Sights on First Solar Power Stations in Space ». Nature, février. https://doi.org/10.1038/d41586-019-00629-5
2 “When Will China Get to Mars,” BBC interview with Wu Weiren, chief designer,
Moon Missions, 19 April 2017, http://www.bbc.com/news/av/world-asia-36085659/when
-will-china-get-to-mars.
3 Ideas in Science. s. d. USING RESOURCES ON ASTEROID FOR MANUFACTURING OF SSPS – A NEW ATTEMPT AND ITS POTENTIAL. Consulté le 17 mars 2019. https://www.youtube.com/watch?v=6kum9VbVmN8. Speaker Ming Li, 2016 International Astronautical Congress, Guadalajara, Mexico
Ready for Takeoff, China’s Advancing Aerospace Industry
Book Author(s): Roger Cliff, Chad J. R. Ohlandt and David Yang
Published by: RAND Corporation. (2011)
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/10.7249/mg1100ucesrc.13
Chapter Title: Scorecard 7: U.S. Counterspace Capabilities Versus Chinese Space Systems
Book Title: The U.S.-China Military Scorecard
Book Subtitle: Forces, Geography, and the Evolving Balance of Power, 1996–2017
Book Author(s): Eric Heginbotham, Michael Nixon, Forrest E. Morgan, Jacob L. Heim, JeffHagen, Sheng Li, Jeffrey Engstrom, Martin C. Libicki, Paul DeLuca, David A. Shlapak,David R. Frelinger, Burgess Laird, Kyle Brady and Lyle J. Morris
Published by: RAND Corporation. (2015)
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/10.7249/j.ctt17rw5gb.17
China in Space: Ambitions and Possible Conflict
Author(s): Namrata Goswami
Source: Strategic Studies Quarterly , Vol. 12, No. 1 (SPRING 2018), pp. 74-97
Published by: Air University Press
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/10.2307/26333878